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L’OPALE NOIRE DE LIGHTNING RIDGE

EXPEDITION DECEMBRE 2016

L’Australie, vaste continent aux innombrables paysages, est notamment réputé pour ses opales et leur qualité exceptionnelle. L’opale blanche, la plus célèbre, est principalement extraite dans l’état de l’Australie du Sud. L’opale noire, moins connue du grand public mais très prisée par la haute joaillerie, sont issues des gisements de Lightning Ridge, dans l’état du New South Wales. Cette ville possède les plus grandes réserves connues d'opale noire au monde et nous partons à leur découverte.

" Road trip "

Début décembre, au commencement de l’été dans l’hémisphère Sud, mon acolyte et moi-même quittons la côte Est de l’Australie et ses plages idylliques direction, les contrées reculées du bush. Au Sud Ouest de Brisbane, nous parcourons plus de 700 kilomètres d’outback, un désert majestueux dépourvu de civilisation, jusqu’à la frontière du New south Wales. Si nous sommes chanceux, nous apercevrons des groupes d’émeus ainsi que des kangourous qui parcourent les étendues infinies le long de ces routes désertes.

Après 9h de route et une station service plus tard, nous arrivons dans la petite ville de Lightning Ridge, température extérieure, 40°, population totale, inconnue.

Cette oasis au milieu du désert compte quelques maisons, trois rues et un pub.

 

À Lightning Ridge (colline de la foudre), ainsi nommée par un berger qui y perdit ses 300 moutons foudroyés lors d'un violent orage, les premières opales noires apparurent lors du creusement d'un puits destiné à trouver de l'eau.

Gemmologie de l'opale

Tout comme le verre et l'ambre qui sont des matières amorphes, l'opale est amorphe la plupart du temps. Cependant, certaines sont des agrégats de silice sous différentes formes. Ce n'est effectivement pas un minéral dans le sens minéralogique du terme, mais officiellement un "gel de silice".

Composition chimique : SiO2 nH20

Classification chimique : Hydroxyde

Structure : Amorphe ou pseudo-amorphe organisée

Réfringence : Isotrope

Dureté : 5,5 – 6,5

Densité : 1,30 à 2,30

Indice de réfraction :

  • 1,45 (de 1,42 à 1,53) pour les opales australiennes sédimentaires

  • 1,42 (de 1,37 à 1,43) pour les opales volcaniques mexicaines

Dispersion : Faible (environ 1%)

Eclat : vitreux à cireux

Transparent - translucide – opaque

Ténacité : Très fragile à fragile

Comportement à la chaleur : décrépite

Sensible aux acides

Les gisements de l'opale

Les meilleurs gisements d’opales sont situés en Australie, au Mexique et en Ethiopie. Il existe d’autres gisements dignes d’intérêts mais la meilleure qualité d’opale est Australienne.

 

Dans la formation des opales ont distingue deux types de gisements, les gisements volcaniques et sédimentaires. Pour l’opale australienne, il s’agit de gisements sédimentaires. Lightning Ridge est le seul endroit qui produit pour le marché des opales noires mais tous les gisements peuvent avoir des opales noires de façon sporadique. Les opales noires éthiopiennes de Gashena sont nombreuses mais souvent instables.

Les opales noires, que nous sommes venus chercher, présentent les mêmes caractéristiques chimiques, physiques et optiques que tous les autres types d’opales.

Ce qui les différencie et la raison pour laquelle elles sont appelées opales noires, est leur fond sombre. Les couleurs spectrales paraissent alors plus intenses et les pierres de haute qualité sont extrêmement rares.

Nous séjournons au Wallangulla Motel en plein centre ville. Nous avons rendez-vous le lendemain avec la directrice de l’association des mineurs de Lightning Ridge (LRMA) pour assister à une réunion avec les exploitants permanents du site.

A l’issue de cette réunion, concernant les formalités administratives attenantes à l’exploitation minière, nous apprenons que les terrains exploités pour l’extraction des opales à Lightning Ridge appartiennent au  gouvernement Australien. Les mineurs habilités font des prélèvements des sols et si les échantillons sont concluants, ils peuvent alors exploiter un terrain d’une superficie maximum de 2500m2, sous forme de location. Cependant, l’exploitation est coûteuse et sans garantie effective de trouver des opales.

Nous avons posé la question de l’impact environnementale qu’avait l’activité minière dans la région. Il s’avère, d’après LRMA (Lightning Ridge Mineurs Association) qui encadre l’activité minière et de ce que nous avons pu constaté durant notre séjour, que l’impact environnemental est minime voir quasi nul. Tout d’abord, il est difficile de repérer les mines sur toute la zone d’exploitation actuelle. En effet, les infrastructures souterraines ne sont pas visibles depuis la surface puisque l’extraction se déroule à plusieurs mètres sous terre. Les machines, principalement les groupes électrogènes, qui servent à l’alimentation électrique ne fonctionnent que durant la journée. Les entrées des mines sont cadenassées et se trouvent loin de toutes zones habitables. Les roches extraites des mines sont acheminées dans une carrière et peuvent servir ensuite de remblai.

Les règles de sécurité, comme les lois qui encadrent cette activité, sont rigoureusement appliquées.

Il n’y a évidemment pas d’enfant aux abords de la zone d’exploitation et le travaille de mineur fait partit d’un des emplois les mieux rémunéré d’Australie.

Nous discutons avec les mineurs, l’accent est rude mais nous en apprenons un peu plus sur la dureté de ce travail et de ses enjeux. Une activité qui malgré tout, reste pour beaucoup d’entre eux une véritable passion. Même après plusieurs années à creuser en quête d’une pierre exceptionnelle, ils nous parlent de l’opale comme le plus merveilleux joyaux qui existe toujours différente et unique. L’un deux nous fait part de la légende aborigène qui raconte, que les couleurs tourbillonnantes de l’opale auraient été créées lors de la chute d’un arc-en-ciel. Un monde de poésie entre les mains rugueuses de quelques mineurs me fait trépigner d’impatience et de curiosité. C’est avec les yeux pleins d’étoiles que nous partons à la découverte de cette gemme aux mille couleurs à bord d’un 4x4 poussiéreux.

L’un des mineurs nous emmène sur le terrain qu’il exploite et nous descendons dans les profondeurs de la mine, à une vingtaine de mètres de la surface du sol. Il y fait sombre et frais, c’est agréable. Aujourd’hui, les 41° sans l’ombre d’un arbre dans ce désert aride sont difficiles à supporter. Les conditions de sécurité sont sommaires mais fiables, j’imagine. Quoiqu’il en soit, rien ne pourrait arrêter ma descente. Munis d’une lampe, nous arpentons les 2500 m2 de tunnels, un véritable labyrinthe. Les parois argileuses et friables sont soutenues par des rondins de bois d’environ 2m de hauteur par endroit. Il est donc aisé de se déplacer dans ces galeries souterraines, même si certains passages restent plus étroits.

Formation de l'opale

L’opale est de la Silice hydratée, amorphe ou partiellement cristallisée. Elle se forme à basse température dans les eaux riches en silice, en milieu sédimentaire ou volcanique. Elle contient le plus souvent entre 4 et 10% d’eau, parfois au-delà de 20%. Elle existe aussi sous forme de pseudomorphose d’après des matières minérales ou organiques.

 

À Lightning Ridge, les opales se trouvent dans des couches d’argiles sableuses déposées il y a 100 Millions d’années (Crétacé) par la mer peu profonde qui recouvrait le continent. L’opale s’est déposée par paquet dans la roche ou à la place des coquilles. La nappe est descendue suite à une longue période de sècheresse. Le dépôt n’est donc pas prévisible, il n’y a pas de veine et l’exploitation doit se faire très délicatement à la main ou avec des petites machines (exploitation plus ou moins artisanale) pour ne pas rater les dépôts qui peuvent être gros comme le poing ou moins.

Peu habitué à recevoir des visiteurs de mon gabarit dans sa mine, c’est d’un air amusé que notre ami mineur me tend une pioche et me montre avec précision une petite pointe miroitante sur la paroi. Visiblement, je dois casser la roche tout autour avec assez d’élan, tout en évitant bien sûr de taper l’extrémité de l’outil sur la zone de couleur que l’on distingue à peine. Plus facile à dire qu’à faire, je risque de briser l’opale qui s’y trouve. La silice, composant du verre artificiel ou naturel est le principal composant de l’opale, on comprend alors à quel point elle est délicate. C’est avec succès qu’après 10 minutes d’efforts acharnés, j’extrais enfin ma première opale !

 

En réalité, les mineurs utilisent des petites pelles mécaniques pour casser la roche. Les morceaux de roche, sont ensuite acheminés jusqu’à la surface à l’aide d’un gros aspirateur qui se déverse dans un camion benne. Les pioches servent à un travail plus précis lorsque les poches d’opale sont visibles pour éviter de les endommager.

 

Le mineur m’autorise à garder l’opale que j’ai extraite à la sueur de mon front. Elle n’a pas de valeur commerciale mais c’est un échantillon de premier ordre et le Saint Graal du gemmologue de terrain.

Le jeu de couleurs de l'opale

Il est utile de distinguer deux types :

 

  • l’opale noble ou précieuse montrant des jeux de couleurs changeantes selon l’angle de vision. On appel cela, l’effet d’iridescence. Il est causé par la diffraction de la lumière sur un empilement ordonné et régulier de nano sphères de silice de diamètres quasi identiques. Plus simplement, l’opale se compose de petites sphères de silice (associées à des molécules d’eau) arrangées dans une structure plus ou moins compacte et qui dissèque la lumière lors de son passage dans la pierre. Ce qui donne à l’opale toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et rend chaque pierre différente et unique. Les sphères de petit diamètre donnent les couleurs, bleue ou verte. Les sphères plus grosses, beaucoup plus rares, donnent la couleur rouge. Cette couleur rouge est très recherchée, et le prix des pierres peut atteindre des sommets.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              

  • l’opale commune aussi appelée Potch dépourvue de jeu de couleurs car dans laquelle les sphères de silice, plus petites et de tailles différentes les unes des autres sont disposées au hasard.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         

Nous quittons la mine et suivons le camion benne alors rempli de roche sablo-argileuse concassée, jusqu’au centre de nettoyage. Il s’agit d’une carrière où chaque mineur apporte sa production de la semaine pour nettoyer le minerai qu’il a extrait. C’est à l’aide d’une bétonnière, alimentée par un flux constant d’eau et d’un effet de roulement, que les pierres sont nettoyées et débarrassées du sable et de l’argile. Les pierres vont tourner ainsi une journée entière minimum avant d’être trier à la main par leur propriétaire. Un moment palpitant ou chacun espère découvrir un trésor mais dont le résultat est toujours très hasardeux, comme souvent dans la recherche des gemmes.

A Lightning Ridge, on trouve différentes qualités d’opale, les opales noires bien sûre à la couleur de fond soutenue et aux jeux de couleurs intenses, des opales cristals sans couleur de fond aux jeux de couleurs moins visibles mais aussi des opales communes.

Une fois les pierres nettoyées, certaines se distinguent déjà.  Elles seront sélectionnées pour être taillées. La taille de l’opale est une étape très délicate qui demande des années d’expérience.

À Lightning Ridge seuls quelques lapidaires en ont fait leur spécialité. Nous avons rencontré l’un d’eux dans son atelier, il nous explique l’extrême fragilité de cette gemme et la minutie dont il doit faire preuve pour sublimer son éclat.

La taille

L’opale est l’une des pierres les plus fragile utilisée en bijouterie mais néanmoins très appréciée des joailliers. Certaines opales sont fortement valorisées en raison de la taille qui magnifie leur extraordinaire jeu de couleurs.

 

Tout d’abord le lapidaire commence par découper, à l’aide d’une scie endiamantée, les morceaux de roche sur les extérieurs de la pierre afin de ne faire apparaître que la partie solide d’opale. Il utilise ensuite une sorte de fraise comme celle que l’on trouve chez le dentiste et creuse délicatement les parties incluses de la pierre où la roche est encore incrustée. Les pierres sont humidifiées durant toutes ces étapes de la taille. Grâce à une meule de taille, il façonne et donne sa forme à la pierre, généralement cabochonnée. Le but étant de garder un maximum de matière car le poids de la pierre une fois taillée et aussi un élément déterminant du prix. On voit alors apparaître la couleur et les jeux de lumière, de plus en plus soutenus. C’est avec la dernière phase, celle du polissage, que l’on se rend véritablement compte de l’éclat. Cette dernière étape est déterminante. En effet, la couleur n’est pas la même dans toute l’épaisseur de la pierre. Par conséquent, si l’on enlève trop de matière lors de la taille ou du polissage, la couleur peut en être affectée, en bien ou en mal.

La grande composante de l’ordinaire poussière est du quartz, à 7 de dureté sur l’échelle de Mohs.   Avec 5,5 à 6,5 de dureté pour l’opale, des frottements répétés peuvent endommager son polish.

L'opale Carving

À Lightning Ridge, on remarque beaucoup de petites sculptures en opale. Elles sont appelées «Opal Carving». Très apprécié des australiens, on a peu l’occasion d’en voir en Europe. Il s’agit de tailler la pierre en lui donnant une forme originale, peu commune et peu recherchée en joaillerie. La raison est simple, la taille de la pierre est un autre élément qui va déterminer son prix. Généralement, les opales sont taillées en cabochon rond ou ovale voire rectangulaire. Seules les opales de feu de qualité parfaites sont facettées. Lorsque la pierre présente un grand nombre d’inclusions telle que de la roche, il est alors difficile de lui donner la taille commerciale voulue. La pierre sera donc rejetée même si son jeu de couleurs lui donne un attrait esthétique. Le lapidaire va alors travailler la pierre dans sa forme originale et creuser toutes ces inclusions disgracieuses. Le résultat du carving est surprenant.

Nous continuons notre visite à l’Australian Opal Center. Un petit musée qui abrite la plus grande collection publique mondiale de fossiles opalisés trouvés en Australie, datant de l’âge des Dinosaures. En effet, il n’est pas rare pour les mineurs de trouver des fossiles opalisés dans les mines qui entourent Lightning Ridge. D’étonnants spécimens ont été découverts sur ce site et attirent chaque année des archéologues du monde entier. Durant plusieurs jours, nous assistons à une chasse aux fossiles. Initié par l’Australian Opal Center, un terrain est ouvert aux professionnels et amateurs pour entreprendre des recherches archéologiques. Tous les fossiles alors découverts durant l’évènement sont remis au musée pour agrémenter sa collection. On peut y voir des ossements de dinosaures, comme Pandora qui provient de l’épaule d’un plésiosaure, transformés en opale aux couleurs de l’arc-en-ciel ou encore divers mollusques et coquillages, datant du Crétacé, devenus gemmes. (formulation)

Acheter une opale

Lorsque l’on veut acheter une opale, il y a plusieurs critères de gradation à prendre en compte et qui déterminent son prix.

Sachez tout d’abord que les opales conviennent mieux pour les boucles d’oreille, les broches et les pendentifs car elles sont fragiles. Une bague ou un bracelet auront tendance à recevoir des chocs répétés qui pourront endommager définitivement votre opale.

  • La couleur de fond

    • Noir

    • Gris

    • Blanc

  • La transparence

    • Cristal

    • Opaque

  • La brillance

    • Faible

    • Moyenne

    • Forte

  • Le nombre de couleurs

    • Monochrome

    • Bicolore

    • Multicolore

  • La surface active

    • Bonne qualité = toute la surface présente des jeux de couleur quelque soit l’orientation

    • Défaut = Potch : zone sans jeux de couleur ou extinction dans une orientation (Flash opal)

  • L’intensité de la couleur

  • Le poids

  • La taille

Enfin, appréciez toujours une opale à la lumière du jour. Elle expose ainsi son jeu de couleurs le plus favorable qui change selon l’angle d’observation de la pierre.

Les opales noires sont généralement des pierres extrêmement chères. La couleur la plus rare et la plus prisée est la diffraction de la couleur rouge. Vient ensuite le bleu puis le vert.

Acheter une opale noire directement à la sortie de la mine n’est pas nécessairement l’assurance de la payer moins cher. Plusieurs magasins dans la ville vendent des opales noires évidement. Principalement issue des mines environnantes, ces magasins sont réputés pour vendre des pierres de qualité. Le prix du marché reste globalement identique partout et les mineurs sont parfaitement au fait des prix et vendent leurs opales relativement chères.

 

Dans la petite ville Australienne, l’achat de pierre est facile pour les néophytes. Dans les bijouteries, nous nous faisons passer pour de simples touristes et les vendeurs que nous rencontrons donnent de précieuses indications pour orienter le client, ce qui n’est pas le cas partout ailleurs. Mais l’opale noire reste une pierre très onéreuse et il existe plusieurs pièges à éviter.

 

Certaines opales se fissures dans l’eau. Lorsque cela se produit, c’est que les fractures étaient déjà présentes bien que pas ou peu visibles ; ou bien qu’il s’agit d’opales extrêmement poreuses = hydrophanes (absorbantes de liquide).

Lorsque l’on plonge ce type d’opale dans l’eau, elles émettent parfois un son que l’on appelle « le crie de l’opale ». Cela ressemble à un bruit de glaçon immergé.

Pour éviter d’acheter une pierre qui comporte des fissures internes et qui risquerait de se fracturer, veillez à bien analyser la pierre au préalable. Regardez-la par transparence à l’aide d’une lampe-torche.

Les traitements de l'opale

Les traitements connus de l’opale servent à améliorer l’aspect initial de la pierre. Leur valeur décroit par rapport à une pierre naturellement parfaite dès lors qu’elles ont été traitées.

 

  • Coloration du fond par imprégnation

Pour obtenir une opale noire, on applique un sucre qui donne une couleur opaque noire au corps de la pierre. Visualisation de l'aspect tâcheté/moucheté noir typique du traitement par un sucre, facile à détecter pour un œil aguerri. D’après la loi, ce traitement doit être indiqué.

 

  • Amélioration de la surface par cirage

 

  • Stabilisation

Certaines opales sont instables et présentent des fissures internes qui sont susceptibles de se fracturer avec le temps. Le principe de stabilisation de l’opale est un procédé qui consiste à incorporer une résine dans ces fissures, elle est détectable à l’analyse en laboratoire.

En principe les opales australiennes n’ont globalement pas besoin d'être  stabilisées. C’est pourquoi on les qualifie de pierres de bonne qualité. Il est difficile de prévoir le comportement d’une opale, si l’on ne connait pas son origine. L’honnêteté et l’expertise du vendeur est ici primordiale.

L'opale de synthèse

Dans la nature, le processus de sédimentation implique des matières minérales et organiques qui s'accumulent en strates c’est-à-dire en couches les unes sur les autres, au fil du temps jusqu'à former un amas compact épais et solidifié. Ce phénomène peut être reproduit de manière accélérée en laboratoire, par déposition verticale (VD) et par évaporation assistée (EAS), impliquant un compactage à l'aide ou non d'une presse.

 

À la fin des années 1960, le français Pierre Gilson s'est lancé juste après les australiens dans la fabrication de l'Opale synthétique dont les sphérules de silice de diamètre identique exhibent leur jeu de couleurs après organisation stable et compactage. L'absence d'eau et l'adjonction d'un liant ou du dioxyde de zirconium en font de belles imitations plutôt que des synthèses stricto sensu. Aujourd'hui, les plus belles imitations d'opale sont fabriquées au Japon (entre autres par Kyocera / Inamori), aux États-Unis (entre autres par Chatham) et surtout en Chine en gros volume et de toutes couleurs, bien qu’inexistantes à l'état naturel.

Imitations

Il existe d'autres imitations de l'Opale naturelle, certaines bien réussies car très proches de la réalité et d'autres moins convaincantes car l'identification est assez aisée. Parmi ces dernières, il existe un verre transparent et incolore montrant un joli jeu de couleurs interne, aussi appelé Opale Slocum, du nom de son inventeur. La matière plus dure et plus dense du verre ne trompe pas. Signalons aussi les imitations en matière plastique fabriquées en Chine, reconnaissables à leur densité plus faible et à leur jeu de couleurs trop intense et trop bien organisé, bien que ces derniers puissent se rencontrer à titre exceptionnel dans la nature.

Doublet et triplet

L'opale doublet et triplet font parties des pierres dites composites. Pour le doublet un fin morceau d'opale est collé sur un fond noir ce qui rehausse ses couleurs et pour le triplet on rajoute par dessus un cabochon de quartz transparent qui multiplie les éclats de l'opale.

Ce type de pierre ne peut être considéré comme véritable opale noire.

Acheter cette variété d'opale n'est en aucun cas un investissement malgré la beauté de certaines.

Les doublets et triplets sont très courants et généralement facilement reconnaissables lorsque l’on regarde la pierre de profil. Cependant, si la pierre est déjà montée sur un bijoux, cela rend l’observation difficile voire impossible.

Il n’existe pas de test diagnostique pour reconnaître une imitation bas de gamme.
Pour éviter toute déconvenue lors de l'achat d'une opale,  adressez-vous à un négociant de confiance qui pourra vous garantir son origine naturelle, en dehors de toute imitation et de toute synthèse.

" Fossiking "

En Australie, l’on peut aussi tenter sa chance sur les terrains de « fossiking » c’est un terme bien australien qui désigne le fait de rechercher des pierres ou des métaux précieux, sans être mineur, sur certains terrains gouvernementaux. Le principe est simple, muni d’un chapeau, d’une bouteille d’eau et d’une pelle, on peut partir soi-même à la chasse aux opales. Certaines zones nécessitent l’achat d’un permis à la journée accessible à tous (environ 40$AUD) mais la majorité sont gratuites.

À Lightning Ridge, il y a différentes zones de fossiking, la plus usitée est située près du centre ville. C’est un point incontournable pour de nombreux touristes australiens friands de cette activité. Nous avons opté pour une zone plus reculée conseillée par les mineurs. Il s’agit d’une carrière où les mineurs de la région viennent déverser les roches issues des tunnels de leur mine. Les pierres sont préalablement triées mais il arrive parfois que certaines soit oubliées et rejetées dans la carrière. Devant nous se dresse alors une montagne de petits cailloux haut d’une quinzaine de mètres et qui s’étend sur presque un kilomètre.

Motivés, nous nous engageons et grimpons au sommet. Une bonne condition physique est recommandée si l’on prend en compte les 40° extérieurs et un soleil de plomb. Je ne mentirai pas, nous sommes resté 40 minutes à fouiller dans les cailloux et avons fait chou blanc.

Le marché de l'opale

Les Australiens, dans leur majorité, protègent leur marché de l’opale, en général en dénigrant les opales d’autres provenances. C’est bien sûr le cas pour les éthiopiennes.

Bien choisies, les opales du Wollo en Ethiopie sont très stables, à condition de sélectionner celles qui sont peu hydrophanes.

On a souvent entendu que 95% des opales, tous types confondus, venaient d’Australie mais depuis plusieurs années, il y a bien plus d’opales éthiopiennes que d’australiennes sur le marché. Les Australiens justifient ces chiffres en disant que les éthiopiennes ne sont pas des opales, mais des hydrophanes. Ils se servent aussi, sans faire de distinction, du cas des opales de Mezezo, une autre région d’Ethiopie, qui elles sont instables.

Nous n’oublions pas le but premier de notre expédition, l’achat de pierre en nous adressant tout d’abord aux mineurs. Quand on diminue le nombre d’intermédiaires on améliore la qualité du produit. Cependant, aux vues de la rareté des pierres de qualité, le choix est restreint et les mineurs vendent rapidement aux négociants sur place, qui ensuite se déplacent au quatre coin du pays. Les Australiens sont très fières de leurs opales et affectionnent tout particulièrement les opales noires de cette région, bien plus que le marché Français par exemple. C’est ainsi que l’on trouve les opales de Lightning Ridge jusque dans les bijouteries de Perth. Nous découvrons plusieurs beaux spécimens et après de longues négociations nous achetons enfin quelques pierres aux mineurs. Nous continuons nos recherches chez les négociants de la ville en quête de LA pierre. Après des jours de prospection, nous trouvons finalement les pierres qui nous intéressent mais en fonction de la couleur et du poids, les prix varient entre 8 000$ AUD et 24 000$ AUD  (soit environ 5 600€  à 17 000€) la pierre.

 

Certaines des pierres sont de parfaits échantillons destinés à l’analyse en laboratoire afin de collecter des données sur l’origine géographique des pierres, d’autres que vous pouvez retrouver sur notre boutique sont disponibles à la vente.

Nos Pierres

Opale noire
Opale noire
Opale noire
Opales Brutes
Lot d'opales

Notre expédition touche à sa fin. Durant une semaine, nous avons rencontré des gens extraordinaires désireux de nous faire partager leur passion et leurs connaissances sur cette pierre exceptionnelle qui fascine les Hommes depuis toujours. Nous sommes descendus dans les mines et avons échangé avec ces hommes et ces femmes qui travaillent au cœur de la terre et de ces mystères pour en extraire les joyaux du bout du monde. Nous avons aussi rencontré ceux qui travaillent minutieusement dans l’ombre pour façonner et sublimer ces pierres aux couleurs insaisissables.

Lightning Ridge est aujourd’hui le seul endroit sur la planète à produire les opales noires que l’on retrouve sur le marché de la joaillerie. Rares et plus recherchées que jamais, elles ne cessent de nous émerveiller. Cette multitude de couleurs emprisonnées dans la pierre, cherchant désespérément à en sortir ressemble à un petit bout de galaxie que l’on aurait logé au creux de la main. Les habitants de la petite ville australienne du bush la décrivent très bien : « For in them shall see the living fire of the ruby, the glorious purple of the amethyst, the sea-green of the emerald, all glittering together in an incredible mixture of light »

Allison David
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